Pourquoi et comment développer la production de textes sont des sujets moins abordés que celui de la compréhension en lecture. Heureusement, la tendance change. Écrire un texte, ce n’est pas seulement l’inverse de l’acte de lire. Produire des mots écrits et produire un texte exigent des compétences différentes de celles indispensables en lecture. Bien les connaitre permet d’évaluer les besoins et d’intervenir de façon plus précise et plus juste.
À l’instar de la compréhension de textes, la production de textes constitue une des tâches les plus complexes impliquant une multitude d’habiletés, de connaissances et de stratégies. Le scripteur doit être en mesure de les exploiter et de les coordonner de façon adéquate afin que chacune soit utile au moment opportun.
L’identification de mots écrits, la fluidité en lecture et la compréhension du vocabulaire et des phrases constituent un bagage essentiel qui développe les compétences d’un apprenant et qui permet de favoriser le développement des compétences en écriture. Toutefois, ces compétences ne sont pas suffisantes à elles seules pour assurer le plein développement des compétences du scripteur, particulièrement lorsqu’il est question d’apprenants ayant un trouble d’apprentissage.
La reconnaissance rapide et efficace du lexique orthographique en lecture ne garantit pas qu’un scripteur peut les orthographier adéquatement ni que le geste graphomoteur est suffisamment automatisé. La compétence à faire des inférences ne suffit pas pour qu’un scripteur évoque ou organise des idées dans un texte. L’écriture ainsi que les habiletés, connaissances et stratégies qui s’y rattachent spécifiquement doivent être travaillées explicitement, fréquemment et régulièrement.
Perspective de plus en plus courante en recherche, les habiletés expressives, c’est-à-dire la compétence à produire un texte, contribuent au développement des habiletés réceptives, soit comprendre des textes. Travailler la production de textes permet d’approfondir et de consolider des connaissances et des compétences en lecture. De plus, écrire oblige le scripteur à manipuler ses connaissances et à les réorganiser, une autre belle manière de solidifier ses acquis.
Comment travailler les habiletés en écriture sans y passer une séance d’intervention complète? D’abord, en décortiquant le processus de rédaction. Écrire, c’est coordonner des habiletés, connaissances et stratégies. Rien n’empêche de sélectionner des habiletés spécifiques impliquées selon les besoins d’un jeune. Par exemple, travailler seulement des habiletés, comme « évoquer ou organiser des idées », « formuler ses idées en phrases à l’oral », « connaitre et expliquer ce qu’une introduction contient » ou encore de développer des connaissances spécifiques, telles que comprendre et utiliser des marqueurs de relation ou des organisateurs textuels. Ensuite, l’intervenant peut jouer un rôle actif pendant une tâche partielle ou complète de rédaction en prenant en charge certaines responsabilités. Par exemple, je deviens la secrétaire d’un jeune lorsque vient le temps de développer la compétence « formuler des idées en phrases ». Avec beaucoup de plaisir, les jeunes me dictent une ou des phrases à partir d’une idée et j’écris tel qu’entendu tout en leur faisant réaliser ce qui est important pendant cette étape de rédaction : formuler une phrase, la répéter de façon identique et ne pas la dire trop rapidement.
Afin d’assurer un transfert de ces compétences décortiquées dans un contexte de rédaction de textes plus naturel, l’intervenant doit s’assurer de créer des situations complètes de rédaction durant lesquelles l’apprenant est invité à réappliquer ce qu’il a appris. Opter pour l’écriture d’un seul paragraphe plutôt qu’un texte facilite ce transfert. De plus, l’utilisation de textes produits en classe qu’on analyse avec l’apprenant en offrant une rétroaction honnête concernant l’utilisation des habiletés ou des connaissances travaillées est une autre façon gagnante de favoriser la généralisation des acquis.
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