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Optimiser ma rédaction de rapport d’évaluation

Pourquoi optimiser ma rédaction de rapport d’évaluation?

Comme tout membre d’un ordre professionnel, les orthophonistes se doivent de respecter certaines obligations légales. L’une de ces exigences établies par l’OOAQ est de rédiger une synthèse des données relatives à l’évaluation. Dans ce document, l’ordre exige la présence d’informations spécifiques. Par exemple, les résultats de l’évaluation et leur interprétation, la conclusion orthophonique, les objectifs d’intervention et les recommandations. Ces informations visent à rendre compte du service offert au client. Elles servent aussi à établir un portrait de la situation et des besoins du client. Outre ces informations, une grande latitude est laissée aux professionnels. Ceux-ci peuvent déterminer le contenu du rapport et la façon de transmettre les informations écrites. L’Ordre encourage les membres qui cherchent à optimiser la rédaction de rapport d’évaluation grâce à divers outils, comme des canevas de rapport. C’est en respectant ces orientations tout en y ajoutant mes couleurs que je vous partage ma vision du processus d’évaluation.

Lorsque je dois me conformer à des obligations légales, je cherche une façon de rendre ces exigences significatives et pertinentes pour moi, mais également pour mes clients. Durant mes dernières années en clinique privée, j’ai raffiné mon approche pour offrir un accompagnement humain et personnalisé tout en appliquant la rigueur du processus d’évaluation. Malgré les exigences de l’évaluation, je mets au centre de mes préoccupations le client, sa vision de sa situation et de ses besoins. Durant l’évaluation, j’implique le client dans l’analyse et l’observation de difficultés dans son quotidien et dans les tâches proposées. Je cherche également à comprendre la cause de certaines tâches plus difficiles à réaliser avec lui. En réduisant mon temps de planification et de rédaction de rapport, je concentre mes énergies à l’analyse de sa situation, de ses préoccupations ainsi qu’à la considération de ses particularités et du contexte dans lequel il se trouve.

Planifier mes sous-tests et optimiser ma rédaction de rapports d’évaluation

Au fil du temps, j’ai développé une planification qui simplifie mon choix de tests à utiliser. De plus, le recours à des canevas m’aide à recueillir les informations concrètes et significatives. De cette façon, j’identifie la présence d’un trouble, mais également les atteintes observables et les impacts possibles actuels et potentiels. Certains sous-tests sont indispensables pour analyser les marqueurs cognitifs des troubles. D’autres permettent d’apprécier les compétences langagières orales et écrites. Mes canevas m’aident à optimiser ma rédaction de rapport d’évaluation. D’abord, ils m’obligent systématiquement à statuer sur la présence ou non d’une habileté atteinte. Afin de faciliter la compréhension des résultats par le client et son entourage, ces informations sont vulgarisées et liées à des situations quotidiennes. De plus, un espace est réservé pour chaque élément afin que des observations qualitatives s’ajoutent. Ces informations peuvent provenir de mes observations ou des informations fournies par le client et son entourage.

Lorsque les sous-tests utilisés me permettent de quantifier le niveau d’atteinte, j’inclus ces informations uniquement dans chaque section détaillée du rapport. Je documente si l’atteinte est légère, modérée ou sévère. Si les habiletés sont adéquates, je documente si elles se situent dans la moyenne, la haute moyenne ou au-dessus de celle-ci. À mon avis, fournir ces informations permet au client de mieux comprendre ses forces et défis tout en reconnaissant les difficultés qui nécessiteront plus d’attention. Toutefois, je n’indique jamais le rang centile, l’écart-type ou le nombre de bonnes réponses. En effet, ces informations ne sont pas compréhensibles par les clients et elles peuvent donc être mal interprétées. Je m’assure donc que mon jugement clinique soit posé sur chaque habileté documentée. Toutes les informations fournies sont formulées pour être le plus simples et accessibles possible. Elles seront encore plus synthétisées et vulgarisées lors de la rencontre de remise des résultats.

Mettre en relation les habiletés orales et écrites

L’orthophoniste dresse un portrait des habiletés portant sur le langage oral et écrit tout en mettant ces résultats en relation. Je m’assure de documenter un portrait précis et élargi des habiletés du client. Cette analyse tient également en compte l’âge et le niveau scolaire du client. Dans cette perspective, je cherche à mieux comprendre la nature des difficultés. Par exemple, des difficultés en compréhension de textes peuvent s’expliquer de différentes façons. Dans certains cas, des difficultés d’identification de mots peuvent être les seules responsables. Dans d’autres situations, des difficultés de mémoire verbale peuvent s’ajouter. Pour d’autres, des enjeux de compréhension du langage contribuent aux défis rencontrés. Ces difficultés de compréhension peuvent porter sur le vocabulaire, les phrases ou les expressions. Je m’assure donc que mon rapport clarifie ces relations entre le langage oral et écrit. De cette façon, le client comprend et sélectionne mieux les mesures prioritaires à mettre en place.

Analyser la situation avec une macro-perspective

Dresser un portrait juste et cohérent du client à la lumière de toutes les informations recueillies est un grand défi. Je vise à ressortir clairement les éléments essentiels de cette analyse. Le client doit retenir les enjeux importants qui expliquent ses difficultés. Cela lui permettra de prendre en charge ses besoins selon l’évolution de sa situation. Fournir des résultats techniques et détaillés concernant chaque sous-test effectué m’apparait de moins en moins pertinent pour offrir un accompagnement lors de l’évaluation. Je synthétise davantage les résultats lors de la rencontre finale. Pour que ce soit le plus significatif possible, je débute ma rencontre en faisant un lien avec le motif initial de consultation. Ensuite, je confirme la conclusion diagnostique en validant la perception et le ressenti du client. Finalement, je fournis les résultats saillants menant à la conclusion. Je prends le temps de faire des liens entre mes observations et la vision du client.

Offrir au client ce temps d’arrêt pour mieux se connaitre

Dès la première rencontre d’évaluation, je prends la perspective du client en compte. Je le questionne pour mieux connaitre son intention et sa vision de la situation. Ensuite, je l’accompagne pour qu’il puisse préciser et quantifier les difficultés rencontrées. Afin d’approfondir les échanges, je fournis des exemples et des choix de réponses. Je laisse le client me fournir les informations qu’il juge importantes. À travers cela, je cherche à connaitre sa personnalité. Je valide ses défis, mais également ses forces à travers ses propos. Lors de la remise des résultats, je conserve cette même attitude d’échange. Je fournis les résultats tout en validant qu’ils coïncident avec sa perception. Je prends le temps de valider et discuter des recommandations. Celles-ci sont des suggestions pertinentes selon les informations que j’ai recueillies. Toutefois, le client doit sentir qu’il est au coeur du processus pour expérimenter et déterminer les moyens à mettre en place.

2 réponses

  1. Je suis agréablement surprise par le contenu de ton article, Audrey.
    Rendre la lecture du rapport aisée, lisible par tous (la famille, l’école) et pas seulement par les spécialistes, en faire un document qui mérite d’être lu, s’inscrit parfaitement dans notre mission de communicatrice, de spécialiste du langage.
    Faire de l’évaluation un lieu de co-naissance et de prise de conscience de tout ce qui ne va pas mais aussi de tout ce qui va est selon moi déjà une thérapie. Les enfants y sont particulièrement sensibles et les parents se montrent reconnaissants, car ils arrivent avec un poids peu définissable et repartent avec un vue d’ensemble personnalisée et “abordable”.
    J’ai d’ailleurs pour habitude de qualifier mes premières rencontres de “thérapie évaluative”.
    Merci, Audrey. Ce que tu as écrit est majeur. J’applaudis 🙂

    1. Merci beaucoup pour cette reconnaissance, c’est très apprécié. En effet, je souhaite permettre aux clients de repartir avec une reconnaissance de ce qu’ils sont tout en leur permettant de connaitre les solutions possibles pour « ce qui va moins bien ».

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