Les difficultés d’accès lexical

Mieux comprendre les difficultés d’accès lexical

Le processus d’accès lexical est une habileté humaine indispensable à la communication. Cette habileté est nécessairement activée lorsqu’une personne parle ou écrit. Plus précisément, c’est la capacité du cerveau à récupérer rapidement et précisément des mots connus. Chez tous les humains, à certains moments, cette habileté peut être moins efficace. Vous avez sans aucun doute déjà vécu cette situation. Cela s’observe par le phénomène « avoir un mot sur le bout de la langue ». À un moment précis, vous connaissez un mot, mais vous ne trouvez plus « l’étiquette » pour l’exprimer. Parfois, vous le retrouvez quelques instants plus tard et d’autres fois, cela pourrait prendre plus de temps. Pour certaines personnes, cette difficulté à « sortir le bon mot » est plus fréquente et persistante. Dans ces cas, ces personnes pourraient présenter un « trouble d’accès lexical » ou une « difficulté d’accès lexical ».

Difficultés d’accès lexical : manifestations

Pour une personne ayant un trouble d’accès lexical, cette difficulté n’est pas observée en tout temps. De plus, elle ne s’observe pas toujours avec les mêmes mots. En effet, un jeune peut être en mesure de dire facilement un mot à un certain moment. Toutefois, dix minutes plus tard, il ne sera plus en mesure d’exprimer ce mot. Les difficultés d’accès lexical s’observent souvent en conversation. Différentes manifestations peuvent être notées. Par exemple, certains jeunes prennent des pauses. D’autres font des commentaires (ex. ben voyons, tsé, elle est jaune ou « heu, ben voyons, heu…). Certains utilisent des mots vides (ex. « l’affaire, ça, là, le truc »). Finalement, on peut noter des substitutions de mots. Des jeunes peuvent remplacer un mot (ex. « lion ») par un autre (ex. « tigre »). D’autres transforment des mots, par exemple « microscope » serait dit « miscrocope ». Certains jeunes utilisent des gestes pour s’aider à dire un mot ou pour exprimer une idée. 

En plus de ces manifestations plus évidentes pour les interlocuteurs, d’autres manifestations plus subtiles peuvent être présentes. Les difficultés d’accès lexical peuvent entrainer la présence de phrases incomplètes, appelées en orthophonie des « phrases avortées ». Dans ce cas, un jeune arrête de formuler une phrase et il transmettra son idée différemment. D’autres jeunes vont, malgré leur difficulté d’accès lexical, élaborer longuement en fournissant beaucoup d’information. Dans ces situations, malgré les difficultés d’accès lexical, ils prennent la parole. Ces jeunes élaborent et formulent leurs idées au point de parfois se perdre dans leurs idées. À l’inverse, d’autres jeunes fourniront peu d’information. Certains pourraient répondre « je ne sais pas ». Parmi ces jeunes, certains vont éviter de prendre la parole. D’autres peuvent abandonner rapidement une conversation en disant « laisse faire! ».

D’autres troubles peuvent expliquer ces manifestations

Ces manifestations sont scientifiquement reconnues. Toutefois, les intervenants doivent rester prudents. En effet, ces manifestations pourraient s’expliquer par d’autres problématiques. Par exemple, l’utilisation de mots imprécis pourrait s’expliquer par un bagage de vocabulaire moins bien développé. C’est souvent le cas pour les jeunes ayant un trouble développemental du langage. Des difficultés à organiser ses idées pourraient être liées à des difficultés d’attention ou de langage. Aussi, dans certains cas, le trouble d’accès lexical est présent, mais d’autres troubles le sont également. Finalement, il ne faut pas négliger l’impact des difficultés d’accès lexical sur le bien-être. Le comportement d’un jeune qui se fâche ou abandonne des conversations peut s’expliquer de différentes façons. Toutefois, il est possible que des difficultés d’accès lexical expliquent ces comportements. 

Les manifestations « cachées »

Dans certains cas, les difficultés peuvent être moins évidentes à percevoir. En conversation, par exemple, certains jeunes camouflent leurs difficultés. Ces jeunes ont souvent de bonnes habiletés de communication. De plus, ils sont en mesure d’anticiper leurs difficultés d’accès lexical. Cela leur permet d’employer des stratégies efficaces pour les éviter. Par exemple, ils utilisent des synonymes ou expliquent leurs idées autrement avant d’avoir un « manque du mot ». En orthophonie, pour évaluer les difficultés d’accès lexical, il est recommandé d’analyser les habiletés conversationnelles. Toutefois, il faut également utiliser des tâches normalisées. Souvent une tâche de dénomination d’images est nécessaire. Cette tâche exige que la personne évaluée nomme une image. Ce type de tâche contraint le jeune à exprimer un mot précis. Le recours à des stratégies n’est donc pas possible. De plus, la recherche recommande que les orthophonistes utilisent des tâches plus exigeantes, comme la définition de mots. 

En classe, les difficultés d’accès lexical peuvent passer inaperçues ou elles peuvent être mal interprétées. Les intervenants scolaires gagnent à mieux comprendre et connaitre les difficultés d’accès lexical. Cela leur permettra de mieux analyser les difficultés de certains jeunes. Par exemple, des jeunes peuvent fournir des réponses imprécises à des questions même s’ils comprennent les notions. Ou bien, lorsqu’une réponse doit être davantage élaborée, les difficultés peuvent être davantage présentes. À l’extrême, certains échouent des questions d’inférences parce que la réponse « ne vient pas ». D’autres pourraient tout simplement ne pas fournir de réponses. En production de textes, les difficultés s’observent souvent par un vocabulaire moins riche ou des répétitions fréquentes. Il peut aussi y avoir des phrases incomplètes. Finalement, les difficultés d’accès lexical peuvent avoir un impact sur la vitesse ou la précision en lecture à voix haute. 

Difficulté d’accès lexical : comment intervenir en conversation ?

En conversation, pour aider les jeunes qui rencontrent des difficultés d’accès lexical, plusieurs approches peuvent être adoptées. Tout d’abord, l’intervenant peut choisir le moment opportun pour entamer une conversation avec un élève. De plus, il faut laisser du temps au jeune pour trouver ses mots et pour formuler ses idées. Au besoin, poser des questions honnêtes pour indiquer vos incompréhensions ou pour valider votre compréhension. Si les questions ouvertes sont trop difficiles, poser des questions à choix ou fermées. Le recours à ces stratégies empêche les bris de communication. Tout au long des échanges, éviter les commentaires comme « prends ton temps ». Cela induit souvent une pression inutile. Une attitude d’écoute est beaucoup plus appropriée. Finalement, encourager l’utilisation de stratégies pour contourner les difficultés d’accès lexical. Par exemple, « peux-tu dire un autre mot pour parler de la même chose ? Peux-tu décrire ou m’expliquer ce dont tu parles ? ».

Comment solidifier le réseau lexical des apprenants en classe? 

En classe, plusieurs solutions peuvent être utilisées pour aider les jeunes qui ont des difficultés d’accès lexical. D’abord, diverses pratiques pédagogiques permettent de solidifier les connaissances liées au lexique des jeunes. Travailler le sens des mots en développant des définitions personnelles. Rendre saillants les liens entre les mots est un bon moyen d’y parvenir. Trouver des synonymes, des antonymes ou des mots de même famille avec des mots vus dans un texte. De cette façon, les enseignants favorisent le développement des habiletés lexicales de tous les apprenants. Cela renforce les liens et le sens des mots, ce qui contribue à faciliter l’accès lexical. 

Quelles sont les adaptations utiles pour les jeunes ayant des difficultés d’accès lexical?

Ensuite, dans une situation d’écriture, tous les élèves bénéficient d’un exercice explicite sur le vocabulaire thématique. Avant la rédaction, lister des mots selon le sujet du texte encouragera l’utilisation de ces mots. Des verbes, des adjectifs, des noms communs doivent être présentés. Le recours à des dictionnaires (ex. synonymes, champs lexicaux, cooccurrences, mots de même famille) sera très utile. Lorsque cette liste est produite, elle peut être accessible aux jeunes pendant la rédaction de leur texte. 

En situation d’évaluation, demander des explications verbales additionnelles peut être judicieux. Plus particulièrement, lorsque la réponse d’un jeune est imprécise ou incomplète. De plus, l’enseignant peut mieux analyser et choisir les types de questions posées. En effet, utiliser des questions à choix ou « vrai ou faux » permet d’évaluer la compréhension des notions. Il s’agit d’un bon complément aux questions qui exige l’élaboration d’une réponse. Finalement, dans les différentes disciplines, l’utilisation d’une liste de mots en ordre alphabétique peut être utile. Ce moyen permet à un jeune de contourner ses difficultés d’accès lexical et de démontrer ses connaissances. Cette liste n’étant pas organisée par concept n’aide pas le jeune à comprendre les notions. Les jeunes qui l’utilisent doivent donc maitriser les concepts et notions enseignés pour réussir.

Liens 

Blogue scientifique 

https://cuitdanslebec.wordpress.com/tag/acces-lexical

Formation accès lexical

https://editionshorizons.com/produit/acces-lexical-mieux-comprendre-pour-mieux-intervenir/

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