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Développer des services d’orthophonie scolaire inclusifs

Le mois de septembre pour bon nombre de personnes est synonyme de retour à l’école. Depuis maintenant 4 ans, cette rentrée est différente pour moi puisque je ne travaille plus dans les écoles. Malgré cela, je demeure soucieuse et à l’affût de ce qui se trame dans les milieux d’éducation. Dans l’actualité, plusieurs soulèvent des situations inquiétantes. Des changements profonds devront se concrétiser. D’un autre côté, je constate avec enthousiasme une volonté de développer des services d’orthophonie scolaire inclusifs. Des professionnel.les me sollicitent pour les aider à transformer leurs services d’orthophonie. L’intention derrière ces changements est de rendre les services plus accessibles. J’ai eu la chance de travailler dans différents milieux scolaires. Ces expériences m’ont permis et encouragé à développer des services différents. Je réalise maintenant qu’ils se rapprochaient d’une vision inclusive des services professionnels. J’espère donc que le partage de mes expériences en milieu scolaire contribueront à ces changements positifs.

Questionner le cadre pour rendre les services orthophoniques inclusifs

L’inclusion scolaire vise à favoriser et adapter le contexte de la classe aux jeunes ayant des besoins particuliers. Cette approche éducative permet aux apprenants de se développer et de s’épanouir. Cette vision nécessite, pour être vécue positivement par tous, de profonds changements dans les milieux. Les services professionnels devront, pour y contribuer, adopter de nouvelles perspectives dans l’offre des services mis en place. Dans cette perspective, plusieurs clament qu’il faut “sortir le modèle médical” de l’école. Cette vision intéressante nécessite toutefois une réflexion approfondie. Il ne suffit pas de “retirer” des services, il faut aussi en conserver et en ajouter. Il faut également se questionner sur l’organisation et la structure, soit “comment et quand” les professionnels offriront ces services. De plus, les milieux devront déterminer pour quels élèves les services professionnels inclusifs seront déployés. Dans une vision inclusive, l’orthophoniste devrait desservir le plus grand nombre d’élèves en influençant les pratiques quotidiennes.

De l’orthophonie à l’orthophonie scolaire inclusive

Les intervenants conçoivent généralement les services orthophoniques à partir de trois principaux axes: l’évaluation, l’intervention et la prévention. Combinés avec les encadrements légaux, ces perspectives sont généralement envisagées de façon plus “traditionnelle”. Toutefois, les services en orthophonie peuvent se déployer avec une multitude de possibilités. Un.e orthophoniste peut effectuer “une évaluation du langage oral et écrit à partir de tâches normalisées”. Un.e orthophoniste peut aussi effectuer “une analyse de besoins” afin de comprendre les défis et les besoins d’un apprenant. Le même principe s’applique concernant l’intervention. Un.e orthophoniste peut offrir une “intervention individuelle hebdomadaire”. Toutefois, il est aussi possible d’offrir uniquement un service de “consultation”. Loin d’être limité, ce service contribue souvent à changer le quotidien de nombreux jeunes et enseignants. Toutefois, la volonté des équipes-écoles de rendre les services orthophoniques plus accessibles et inclusifs est essentielle. Cela permettra à tous de modifier leurs pratiques et de changer leurs habitudes.

Ma stratégie pour offrir des services d’orthophonie plus inclusifs

Dans les milieux où j’ai travaillé, j’ai cherché à remplacer les services habituellement offerts. Plutôt que de simplement accepter une demande d’évaluation ou d’intervention, j’offrais systématiquement une alternative. J’offrais un service qui est devenu central dans ma pratique: la “consultation”. Cette façon de fonctionner avait de nombreux avantages. D’abord, cela me permettait d’être accessible rapidement pour tous. Parfois un enseignant cherchait de l’aide pour une problématique plus globale concernant un groupe. À d’autres moments, un intervenant se questionnait sur la situation spécifique d’un jeune. Dans tous les cas, la première étape visait à discuter de la situation avec eux. Ce moment permettait de clarifier la situation et comprendre la problématique. Ensuite, je suggérais des moyens pour accompagner l’enseignant, l’apprenant ou le groupe. Bien certainement, cette façon de procéder amène son lot de questionnements. Mais surtout, cela offre une grande latitude pour répondre aux besoins des gens selon le contexte.

Offrir un service de consultation en orthophonie

Le service de consultation permettait souvent de clarifier la situation. En questionnant mes collègues, ils identifiaient davantage les enjeux entourant la situation problématique. Ensuite, cette étape permettait de valider avec la personne la façon dont on allait répondre au besoin. Parfois, uniquement la consultation permettait à l’enseignant d’analyser différemment les situations. Dans d’autres contextes, l’analyse approfondie du dossier d’un jeune permettait de mieux comprendre la problématique. De cette façon, les tâches ou les mesures d’aide en classe sont plus adaptées. D’autres situations nécessitaient des ateliers conjoints avec l’enseignant. Comme mentionné précédemment, l’évaluation pouvait aussi devenir un service essentiel compte tenu de la situation. En offrant d’abord un service de consultation, je prenais le temps d’analyser la situation. Ce qui me permettait de déterminer différents moyens pour offrir un accompagnement adapté au contexte. Généralement, mon horaire n’était pas surchargé. Il était plus facile de trouver du temps pour une évaluation complète lorsque c’était nécessaire.

Le changement s’opère avec une volonté commune

Cette façon de travailler a été très satisfaisante pour mes collègues ainsi que pour moi-même. Toutefois, rendre les services orthophoniques inclusifs demande une collaboration de plusieurs acteurs. D’abord, les orthophonistes doivent être appuyé.es d’un point de vue légal. Je salue d’ailleurs les travaux de l’Ordre des orthophonistes et Audiologistes du Québec. Avec des orthophonistes scolaires engagées, leurs travaux ont mené au “Guide de pratique en orthophonie scolaire”. Cet outil de référence offre de multiples pistes de réflexion et d’action pour des services orthophoniques scolaires inclusifs. Aussi, un soutien politique et administratif sera indispensable. Personnellement, l’appui de mes supérieurs a été crucial. Ils m’aidaient à déterminer “comment” et “quand” offrir mes services. De plus, ils expliquaient et soutenaient ma façon de travailler si cela était nécessaire. Ces changements de pratique nécessitent de la flexibilité et de l’adaptation. S’ils sont bien réfléchis et planifiés, ce sera sans aucun doute pour le bénéfice de tous.

Découvrez le groupe “Orthophonie et éducation inclusive“, une initiative de Maryse Campeau, orthophoniste.

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