Une mise à jour essentielle pour mieux expliquer la dyslexie
En 2025, des experts proposent une mise à jour de la dyslexie à partir des plus récentes données scientifiques. Cette démarche rigoureuse cherche à réunir les connaissances issues de la recherche, les besoins cliniques et les réalités éducatives. L’objectif est de proposer des repères utiles aux intervenants, aux milieux scolaires et aux décideurs. Cette mise à jour souhaite guider l’évaluation, l’intervention et les politiques éducatives. Elle repose sur la contribution de nombreux experts internationaux. Un élément particulièrement pertinent de cette révision concerne l’intégration plus explicite des difficultés d’écriture. Cette dimension demeure indispensable, car les habiletés en lecture et en écriture se développent conjointement. Par le passé, la dysorthographie était très souvent omise ou considérée comme secondaire ou distincte. Cela a nécessairement limité la compréhension globale du trouble. Cette nouvelle conception permet de mieux refléter les enjeux et défis rencontrés au quotidien.
Une mise à jour qui reflète la complexité de la dyslexie
Le consensus scientifique confirme que la dyslexie est caractérisée par des difficultés touchant différents aspects de la littératie. Ces difficultés peuvent affecter la lecture de mots, la fluence, c’est-à-dire la vitesse et la précision, ou l’orthographe. Ces difficultés varient selon l’âge, la langue, l’enseignement reçu et les expériences d’apprentissage. Cette définition reconnait que le profil n’est pas uniforme et que plusieurs trajectoires sont possibles. La dyslexie se manifeste sur un continuum de sévérité, comme d’autres troubles développementaux. Les experts affirment que la dyslexie s’explique par certains processus cognitifs qui influencent l’acquisition de la lecture et de l’écriture. Des atteintes du traitement phonologique sont fortement reconnues comme marqueur cognitif de la dyslexie. Toutefois, d’autres processus cognitifs sont également évoqués. Plus particulièrement, des atteintes de l’attention visuelle, du traitement visuel ou l’orthographe pourraient être des causes.
Les experts confirment la notion de persistance de la dyslexie. Les difficultés demeurent souvent présentes à long terme, même si leur forme évolue. Chez certaines personnes, la lecture s’améliore, mais demeure exigeante. D’autres conservent des difficultés marquées en fluence ou en orthographe.
Reconnaître la cooccurrence et les impacts possibles d’une dyslexie
Comme plusieurs troubles neurodéveloppementaux, la mise à jour rappelle que la dyslexie apparaît fréquemment avec d’autres troubles. Les auteurs identifient le déficit d’attention, le trouble développemental du langage, la dyscalculie ou le trouble de la coordination. Cette cooccurrence n’explique pas la présence de la dyslexie, mais elle influence souvent le fonctionnement quotidien. Plus concrètement, le cumul de troubles développementaux chez une même personne peut avoir des répercussions plus importantes. La présence d’un ou de troubles concomitants n’annule pas le diagnostic de dyslexie. Toutefois, ces profils exigent une évaluation plus nuancée pour comprendre l’ensemble des besoins.
Les experts indiquent qu’une dyslexie peut avoir des impacts secondaires. Par exemple, une lecture difficile peut limiter l’exposition au langage écrit complexe. Ce phénomène est identifié comme « l’effet Mathieu » en recherche. Cette exposition moindre peut réduire le développement du vocabulaire et influencer la compréhension des textes. Certains jeunes peuvent aussi rencontrer des défis en mathématiques. Plus particulièrement lors d’activités qui reposent sur la compréhension en lecture, comme la résolution de problèmes écrits. De plus, les experts reconnaissent que la dyslexie peut entrainer des difficultés à apprendre une langue seconde chez certaines personnes. Ces effets secondaires possibles varient selon les profils. Offrir un soutien adapté au profil de chaque jeune afin d’ajuster les interventions est donc crucial.
Causes possibles et facteurs de risque de la dyslexie: une vision nuancée
Le consensus met l’accent sur l’absence d’une cause unique de la dyslexie. Bien que des atteintes du traitement phonologique constituent un facteur central et bien documenté, il n’est pas le seul. Ces atteintes phonologiques peuvent affecter la manipulation, la mémorisation des sons ou encore l’accès aux représentations phonologiques, c’est à dire l’accès lexical. Toutefois, les experts mentionnent qu’un profil sans difficulté phonologique n’exclut pas la présence d’une dyslexie. D’autres processus peuvent jouer un rôle. Le traitement orthographique ou la capacité à mémoriser l’orthographe d’usage en fait partie. Certaines recherches évoquent aussi l’attention visuelle ou le traitement visuel comme élément pouvant contribuer aux difficultés. Ces processus cognitifs nécessitent plus de recherche pour être reconnus comme des causes. Toutefois, l’atteinte de ceux-ci amplifie les défis quotidiens et constitue un facteur de risque.
D’autres facteurs de risque peuvent contribuer à la présence d’une dyslexie chez un individu. Plus spécifiquement, un historique familial et des difficultés de langage constituent des facteurs de risque importants. La résistance à l’intervention également.
Facteurs de protection de la dyslexie
À l’inverse des facteurs de risque, certains éléments soutiennent le développement des compétences en littératie. Ceux-ci contribuent à réduire les impacts des difficultés de lecture et d’écriture. Les experts relèvent que des stratégies adaptatives et des forces permettent parfois de masquer une dyslexie. Par exemple, de bonnes habiletés verbales ou non verbales facilitent l’apprentissage et peuvent y contribuer. Finalement, une intervention précoce constitue également un facteur de protection important.
Les experts recommandent le dépistage universel pour repérer les jeunes à risque le plus tôt possible. Ce dépistage documente et analyse les processus cognitifs impliqués dans la dyslexie. Par exemple, cela doit documenter la connaissance du nom des lettres, le traitement phonologique ou la vitesse de dénomination. Ils peuvent aussi documenter l’attention visuelle et la mémorisation de séquences de lettres. Le dépistage permet d’orienter rapidement les interventions, et ce, de manière ciblée. La progression du jeune, et donc, la réponse à l’intervention doit être également analysée et documentée. Cette combinaison de dépistage, d’intervention et de surveillance favorise une réponse adaptée et graduée aux besoins des élèves.
Intervenir tôt et s’appuyer sur la progression plutôt que sur l’attente du diagnostic
Le consensus rappelle que l’intervention ne doit pas s’effectuer après qu’un diagnostic soit posé. Les jeunes doivent bénéficier rapidement de mesures ciblées et adaptées à leurs besoins. L’approche par réponse à l’intervention demeure utile pour documenter la progression et orienter les décisions. Toutefois, une bonne réponse à l’intervention ne confirme pas l’absence de dyslexie. Certains jeunes progressent lorsque l’intervention est bien ciblée, mais conservent un écart notable avec les attentes scolaires. D’autres jeunes montrent une progression très limitée malgré des interventions adéquates. Cette situation peut indiquer la présence d’un trouble plus marqué. Finalement, les experts indiquent qu’il n’est pas toujours nécessaire d’attendre qu’une intervention soit mise en place pour envisager une évaluation diagnostique. Dans certaines situations, la sévérité ou la complexité des difficultés justifie une évaluation rapidement.
Le diagnostic de dyslexie : un processus multidimensionnel et prudent
Lorsqu’une évaluation diagnostique est nécessaire, les experts encouragent que ce processus repose sur plusieurs sources d’information. Les tests standardisés demeurent centraux, puisqu’ils permettent d’objectiver les habiletés et défis des processus cognitifs sous-jacents. Ils permettent également d’obtenir des mesures objectives du fonctionnement en lecture et en orthographe. Toutefois, ces tests ne doivent pas être interprétés de manière rigide. Les seuils recommandés pour identifier une dyslexie guident les décisions, mais ne constituent pas des règles absolues. Les experts insistent sur l’intégration d’observations qualitatives et la progression scolaire. Ils y incluent aussi les informations recueillies auprès des adultes significatifs et des apprenants. L’évaluation doit également tenir compte des facteurs de risque, des forces et des défis de chaque jeune. Dans certains cas, l’écart entre les habiletés orales et écrites peut éclairer la situation.
Finalement, les experts recommandent aux évaluateurs d’adopter une perspective élargie lors de l’évaluation d’une dyslexie. Une plainte en orthographe, par exemple, ne doit pas limiter l’analyse aux seuls aspects de l’écriture. Le processus diagnostique doit s’appuyer sur un regard global et prudent afin de mieux documenter le profil et envisager les besoins à long terme. À l’inverse, ils recommandent également d’être prudent concernant les aspects à évaluer. Il est donc raisonnable d’évaluer uniquement « ce qu’il faut » selon la situation et les besoins. Dans d’autres cas, certains profils ne nécessitent pas d’évaluation multidisciplinaire.
Références :
Découvrez la formation de Brigitte Stanké pour les orthophonistes, une journée à analyser les implications cliniques de ce récent consensus scientifique https://editionshorizons.com/produit/dyslexie-dysorthographie-de-la-recherche-a-la-pratique/
Le processus d’évaluation de DCEL respecte les recommandations des experts https://editionshorizons.com/produit/dcel/
2 articles scientifiques disponibles gratuitement
https://onlinelibrary.wiley.com/doi/10.1002/dys.1800
https://acamh.onlinelibrary.wiley.com/doi/10.1111/jcpp.14123