Le Processus de production de handicap (PPH) pour mieux intégrer les impacts fonctionnels
Depuis 2020, ma compréhension des impacts fonctionnels et leur intégration dans ma pratique évoluent continuellement. Je les intègre davantage dans mes rencontres, tant lors des évaluations que dans l’accompagnement de mes clients. Mes lectures et analyses m’ont amenée à approfondir un modèle conceptuel structurant mes actions cliniques. Il s’agit du modèle de développement humain – Processus de Production du Handicap, conçu au Québec. Développé par Patrick Fougeyrollas, anthropologue et chercheur en sciences sociales, ce modèle explique le handicap dans son contexte. Cela permet de concevoir les impacts fonctionnels dans une perspective dynamique. Les impacts fonctionnels constituent le résultat d’une interaction entre les caractéristiques d’une personne et de son environnement. Cette approche permet de mieux comprendre, analyser et documenter la complexité des impacts fonctionnels vécus par mes clients. En adoptant cette perspective, le quotidien et les impacts fonctionnels sont au cœur de mes préoccupations.
L’accomplissement de soi à travers les habitudes de vie
Le modèle PPH conceptualise l’accomplissement de soi comme étant un besoin central de tous les êtres humains. Pour y parvenir, l’humain se réalise dans différentes situations, nommées les « habitudes de vie » dans le PPH. S’accomplir comme être humain, c’est réaliser des actions qui ont du sens tout en étant satisfait. L’accomplissement de soi permet de se sentir compétent, autonome et valorisé en réalisant une action. Le modèle PPH distingue deux types d’habitudes de vie. D’abord, il y a les activités courantes et ensuite, les rôles sociaux. Les activités courantes réfèrent davantage à des tâches qui se réalisent de façon plus autonome. Quant à eux, les rôles sociaux réfèrent à des situations qui impliquent plus d’interaction avec les autres. Pour les personnes ayant un TDL, l’accomplissement dans certaines habitudes de vie peut être plus difficile.
Selon le PPH, différentes activités courantes sont listées. Par exemple, on y retrouve les soins personnels, se nourrir, se déplacer et l’habitation. La communication constitue une des activités courantes. Parmi celles-ci, certaines sont plus influencées par la présence d’un trouble de langage, comme la communication. Les rôles sociaux sont quant à eux des situations impliquant davantage d’interaction avec d’autres personnes. Les rôles sociaux impliquent que la personne s’accomplit dans un contexte social. On y regroupe entre autres l’éducation, le travail, les relations interpersonnelles et les loisirs. Une personne vivant avec un trouble de langage peut rencontrer des difficultés lorsqu’elle accomplit certains rôles sociaux. Un trouble de langage peut freiner certaines ces expériences de vie. Dans ce cas, la personne elle-même et les personnes qui l’entourent réagissent de différentes manières. Ces réactions peuvent contribuer à favoriser le plein accomplissement de soi ou à le limiter.
Intégrer les trois dimensions de la personne
Dans le processus de production d’handicap (PPH), trois dimensions d’une personne interagissent dans les situations. Selon les particularités de ces trois dimensions, celles-ci contribuent à aggraver ou à atténuer les impacts fonctionnels. Dans ces trois dimensions, on retrouve les aptitudes, l’identité et les systèmes organiques. Les aptitudes correspondent aux habiletés cognitives, langagières, motrices et sociales qui sont nécessaires pour s’accomplir. Quant à elle, l’identité englobe la personnalité, les valeurs, les motivations et les expériences de vie. Elle façonne la manière dont une personne perçoit, aborde et réagit aux situations. Finalement, les systèmes organiques correspondent aux fonctions biologiques et neurologiques qui soutiennent le développement et le fonctionnement global. Ces trois aspects influencent la participation sociale, parfois de façon positive ou négative. Comprendre leur rôle et leur interaction dans les situations permet d’ajuster son accompagnement. Cela soutient l’autonomie et le bien-être de la personne dans la réalisation de différentes activités quotidiennes.
Un trouble du langage interagit avec les dimensions personnelles. Ces interactions peuvent entrainer différents impacts fonctionnels. Par exemple, un enfant extraverti peut chercher à communiquer malgré ses difficultés langagières. D’un autre côté, un enfant ayant les mêmes difficultés, mais plus anxieux peut éviter les échanges. Une estime de soi fragile peut aggraver les impacts fonctionnels en réduisant la motivation à interagir. Les aptitudes cognitives et sociales jouent aussi un rôle. Un bon raisonnement non verbal peut compenser certaines difficultés langagières, alors qu’un déficit attentionnel peut les accentuer. Le système organique influence aussi ces interactions. Par exemple, un trouble moteur pourrait augmenter les difficultés à s’exprimer. Ces interactions varient d’une personne à l’autre. Cela modifie la présence et l’intensité des impacts fonctionnels. Comprendre ces interactions permet d’adapter ses interventions. De plus, cela permet de soutenir un client dans son quotidien en prenant en compte ces différentes dimensions.
Intégrer les trois dimensions de l’environnement
Selon le PPH, trois dimensions de l’environnement jouent également un rôle. Ce sont les dimensions physique, sociale et institutionnelle. Accompagner les clients, c’est aussi les amener à comprendre l’impact de l’environnement sur leur situation. Ces dimensions influencent positivement ou négativement leur accomplissement. En analysant des situations vécues, cela permet d’identifier les causes de situations plus difficiles ou faciles. En réfléchissant ensemble, le client apprend à repérer les éléments qui nuisent à son accomplissement. Cela permet par la suite, de chercher des solutions adaptées aux contextes et aux situations. Un parent peut réaliser que la fatigue de son enfant après une journée d’école empêche la réalisation des devoirs. Un élève peut constater que le rythme rapide des échanges le freine. Une fois ces barrières identifiées, l’exploration et l’expérimentation des solutions adaptées sont possibles. Ce type d’accompagnement aide les clients à mieux se connaitre, gérer leur environnement et à renforcer leur autonomie.
Une vision systémique de l’accompagnement
L’intégration des impacts fonctionnels nécessite une vision systémique de la situation des clients. Le PPH élargit l’analyse d’une situation. Cela nécessite d’intégrer les facteurs personnels et environnementaux qui influencent le vécu d’un client. Grâce à cette vision élargie, il est fréquent de moduler les objectifs et les moyens d’intervention. Parfois la rééducation est indispensable pour répondre à un besoin. Par exemple, le développement de connaissances d’habiletés ou de connaissances est essentiel. Celles-ci pourront être travaillées dans des tâches ciblées ou intégrées dans des tâches du quotidien. À d’autres moments, favoriser l’analyse de situations vécues constitue un meilleur moyen d’intervention. Cela contribue à rendre saillant les réactions ou les attitudes qui nuisent ou favorisent l’accomplissement. Cette approche globale permet de contribuer à l’évolution globale de la personne. Elle permet d’influencer sa vision, ses attentes, ses réactions et ses façons d’aborder les situations vécues.
Cette perspective conçoit l’accompagnement de façon globale. Cela permet aussi d’intégrer davantage le quotidien de mes clients dans mes interventions. En prenant le temps d’intégrer la vision du client, je comprends mieux ses défis et ses besoins. Je cherche aussi à identifier les obstacles qui freinent sa participation. Parfois, cela nécessite d’influencer le client lui-même ou son environnement. Bien certainement, l’influence sur un client ou sur son environnement dépend d’eux. Selon les caractéristiques de la personne et de son environnement, les changements peuvent être plus difficiles ou favorables. Cette approche permet de nommer, reconnaitre et renforcer les facilitateurs qui favorisent l’accomplissement malgré le trouble. Faire une place à ces forces et ces ressources renforcent la connaissance et l’estime de soi.
Découvrez en plus sur l’intégration du PPH dans mon accompagnement clinique :