L’apprentissage de l’anglais, langue seconde peut constituer un défi de taille chez les jeunes ayant une dyslexie et dysorthographie ou un trouble développemental du langage. Pour certains, ces défis peuvent compromettre l’obtention d’un diplôme d’études secondaires. Plusieurs facteurs influencent la situation des jeunes. Les orthopédagogues et les orthophonistes sont des intervenants essentiels. Ils peuvent contribuer à mieux comprendre les enjeux et les défis ainsi que de favoriser la réussite éducative de chacun.
J’ai été rapidement confrontée à cette réalité avec les adolescents que j’accompagnais au début de ma carrière. Comprendre cette situation était primordial afin de trouver les bons moyens à mettre en place pour accompagner les jeunes.
Peu de recherches documentent cette situation très spécifique de l’apprentissage. Pour bien comprendre, il faut tisser des liens entre les connaissances portant sur les troubles de langage et le bilinguisme, qu’il soit séquentiel ou simultané. Melissa Farkouh, orthophoniste et formatrice, clarifie bien ces concepts associés au bilinguisme. Elle relève trois facteurs prédictifs concernant les habiletés langagières des personnes bilingues : l’âge d’exposition, le temps d’exposition et la quantité d’expositions. Ceux-ci combinés à la motivation et à l’intérêt expliquent en partie les difficultés des jeunes dyslexiques-dysorthographiques ou ayant un trouble de langage.
Un enfant ayant un trouble de langage oral ou écrit qui est exposé avant l’âge de 3 ans, de façon régulière ou suffisamment importante, apprend plus facilement l’anglais, langue seconde. De plus, l’apprentissage de l’anglais dans un contexte socioaffectif constitue également un facteur favorable pour faciliter la réussite.
Toutefois, certains jeunes sont quasi exclusivement exposés au français alors que l’anglais doit être appris par le biais de l’école, avec une fréquence d’exposition faible. Ceux-ci risquent de vivre des défis importants dans cette discipline scolaire. De plus, comme peu d’enjeux socio-affectifs sont impliqués en contexte de classe, la motivation et l’intérêt risquent également de limiter les apprentissages.
En plus de ces éléments, la recherche relève que l’apprentissage d’une langue seconde est avantagé lorsque les aptitudes dans la langue première sont solides. Toutefois, les jeunes ayant une dyslexie et dysorthographie ou un trouble de langage ont très souvent une atteinte du traitement phonologique, ce qui fragilise les bases de la langue maternelle. Cette atteinte phonologique entraîne des difficultés en lecture et écriture dans la langue maternelle. Toutefois, dans la langue seconde présentée en classe, les impacts seront majeurs et beaucoup plus importants qu’en français.
Concrètement, ces difficultés phonologiques affectent la lecture et l’écriture. De plus, ces atteintes phonologiques peuvent également affecter le développement du vocabulaire, qui constitue une base essentielle pour le développement des habiletés au niveau des phrases.
L’expérience clinique me pousse à chercher les meilleurs objectifs et moyens à mettre en place en intervention et en consultation, auprès des parents et des enseignants. La problématique est complexe et le recours à plusieurs solutions permettront de favoriser le développement des compétences et le sentiment de confiance de l’apprenant.
Contrairement au français, ces difficultés présentes au niveau oral ne pourront pas être compensées par l’utilisation des aides technologiques. Il faudra donc s’assurer de développer et de travailler les connaissances sur la langue au niveau du vocabulaire, de la structure de phrases et des règles de grammaire de façon graduée tout en suivant le rythme d’apprentissage de l’apprenant. D’ailleurs, le logiciel « Du français vers l’anglais » a été spécifiquement développé pour répondre à ce besoin.
En plus de ces apprentissages, le recours à un dictionnaire électronique bilingue ou celui intégré dans le logiciel Antidote est généralement indispensable. Cet outil donne accès au sens des mots en compréhension de textes en anglais et d’accéder aux mots en anglais lors de la production de textes. Le dictionnaire bilingue permet donc d’accéder au vocabulaire et au sens, problèmes souvent centraux en anglais langue seconde.
Concernant les aides technologiques en écriture, la prédiction de mots ou le réviseur-correcteur peut aider l’apprenant à réduire les erreurs d’orthographe ou de grammaire. Toutefois, ces deux fonctions d’aide technologique ne permettent pas aux jeunes d’acquérir des connaissances et des habiletés à écrire des phrases ou du vocabulaire en anglais. En lecture, l’utilisation de la synthèse vocale ne sera pas le premier outil à privilégier, surtout si le vocabulaire en anglais est limité. En effet, écouter des textes en anglais langue seconde ne permet pas de comprendre l’information si le jeune n’a pas les connaissances de base essentielles au niveau du vocabulaire et de la formulation de phrases. Généralement, l’utilisation de la synthèse vocale, si l’apprenant a des connaissances insuffisantes en langue seconde, sera inutile pour favoriser le traitement de l’information, contrairement à l’impact positif que cela peut avoir en français.